Le Reculet et le Crêt de la neige par le Tiocan (Thoiry) est l'une de mes randonnées favorites. J'ai choisi cette fois de faire l'ascension et la descente par le même chemin : la superbe vallée de Narderant. L'ascension est raide puisque l'on prend plus de 800 mètres de dénivelée positive en 3 bons kilomètres de marche. D'entrée le sentier est pentu et ne laisse pas le temps au randonneur de se faire les jambes. Cette première partie se déroule au sein d'un bois de hêtres sur un sentier pierreux que l'on maudira à la descente. Au bout d'un moment, on se retrouve devant un véritable mur (5ème photo) : une route bien pentue que l'on oubliera pas non plus de sitôt.
A la Croisée, je prends à gauche. Le milieu s'ouvre peu à peu et l'on commence à apprécier le paysage : le bassin du lac Léman, les Alpes, le Grand Crêt d'eau et, le long du chemin, des rocailles et de magnifiques lapiaz inclinés peuplés d'amélanchiers. Plus loin, la vallée de Narderant apparaît inondée des fleurs jaunes de la renoncule de Carinthie et surmontée d'un superbe cirque glaciaire, le tout dans une véritable ambiance alpine.
Accueilli par le passage d'un coucou gris, je découvre au fil du sentier une abondance de fleurs printanières : gentiane printanière, corydales, scilles à deux feuilles, gagées jaunes, jonquilles, violettes des Pyrénées et pensées subalpines. Je salue quelques chamois puis entame l'ultime ascension vers une barre rocheuse d'où s'échappent les croassements caverneux du grand corbeau. La croix du Reculet annonce une pause bien méritée pour reprendre des forces tout en admirant un panorama à 360° sur les Alpes et le Jura. D'ici, on voit très bien la prochaine étape de la randonnée au nord : le Crêt de la neige, point culminant du massif du Jura.
La route est parsemée de névés autour desquels fleurissent quantité de crocus printaniers et de soldanelles des Alpes. Dans mon dos, le Reculet affiche sa forme pyramidale caractéristique (photo). Le sentier conduit sans trop d'efforts au fameux sommet du massif simplement coiffé d'un panneau jaune. Pour le retour, je décide d'aller jeter un oeil sur les canyons qui à cette époque sont encore remplis de neige. Ce paysage karstique enneigé et parsemé de pins est magnifique et sauvage.
De retour sur les crêtes, je prête davantage attention à la faune locale. J'avais déjà repéré à l'aller cet oiseau fréquemment posté sur son rocher. Cette fois, j'arrive sans mal à l'approcher puis à le photographier : il s'agit du traquet motteux. On pourra aussi observer le lézard vivipare se faufilant dans les herbes encore sèches. De retour dans la vallée de Narderant, c'est une dizaine de chamois broutant paisiblement qui se laissent photographier. J'en profite encore un peu pour admirer la belle flore printanière du vallon avant d'entamer la douloureuse descente vers le Tiocan.